Nous voulons promouvoir le sentiment d’appartenance à l'Europe !
L'Europe est dans une impasse et menace à tout instant d'éclater.
Nous ne sommes pas les seuls à proposer une vision pour l’Europe. L'originalité de ce projet tient dans le fait que nous proposons les étapes pour arriver à cette Europe là en même temps qu'une vision de la nouvelle nation qu'il faut créer. C'est une œuvre de longue haleine, décrite dans le livre « Réenchanter l’Europe » qui doit paraître en 2017.
L'une des premières étapes proposées dans ce texte porte sur la mise en place de drapeaux européens : il s'agit d'une sorte de fusion des drapeaux de chaque pays avec celui de l'Europe, sans remettre en cause ce dernier, bien sûr.
Comment ? En apposant sur chaque drapeau national les douze étoiles d'or, bien centrées du drapeau européen. Le résultat est saisissant : chacun conserve son drapeau bien à lui, et Dieu sait combien certains y sont attachés viscéralement en même temps que chacun de ces nouveaux drapeaux affiche, là aussi immédiatement, son appartenance à l'Union européenne !
Vous trouverez ci-dessous la table des matières du livre dont il a été question ainsi que la totalité du chapitre 2, qui propose dans le détail l'adoption de ces drapeaux, que nous avons baptisés Stella, étoile en latin.
1. L'Europe, à la recherche de son unité.
2. Un drapeau identifiant tout européen.
3. Une frontière et une seule.
4. Un président élu.
5. Une défense indépendante.
6. Une monnaie, l'euro.
7. Une économie.
8. Un peuple.
9. Plusieurs langues.
10. Conclusion.
11. Bibliographie.
Extrait de "Réenchanter l'Europe" de Denis Lepeu
Il y a un drapeau européen, constitué d'un cercle de douze étoiles d'or à cinq branches sur fond bleu roi. Ce drapeau fût d'abord adopté par le Conseil de l'Europe avant de l'être par la quasi totalité des institutions européennes comme le drapeau officiel de l'Europe.
Pourquoi douze et pas vingt sept ou vingt-huit ou trente cinq, demande-t-on souvent après avoir revu le drapeau américain qui affiche dans son canton bleu les cinquante étoiles correspondant aux cinquante états américains ? D'abord parce qu'il serait compliqué de changer le nombre d'étoiles et de refaire les drapeaux à chaque élargissement (C'est ce qui a été fait avec la bannière étoilée américaine qui a déjà changé vingt-sept fois le nombre de ses étoilées cantonnées). Ensuite le nombre douze fait partie des nombres d'or à forte connotation symboliques : il y a les douze mois de l'année, les douze signes du zodiaque, les douze coups de minuit, les douze tribus d'Israël, les douze apôtres, les douze imams, les douze pieds d'un alexandrin, le système duodécimal, etc. Ce nombre est un symbole de perfection et de plénitude.
Enfin, mais on le verra plus loin, il faudra presque sûrement réduire, par fusions et rattachements, le nombre de « pays » englobés dans l'Europe.
C'est à un peintre alsacien, Arsène Heitz, que le Conseil de l'Europe avait confié symboliquement la conception du drapeau européen. De nombreuses tentatives avait été faites avant d'arriver à lui, notamment celle d'un styliste japonais qui avait suggéré une étoile dorée sur fond bleu. On raconte qu'Arsène Heitz s'est inspiré, un 15 août, jour de l'Assomption, d'une représentation de l'apparition de la Vierge à Lourdes, auréolée d'une couronne de douze étoiles. On dit aussi que c'est en visitant la cathédrale de Strasbourg que MM. Adenauer, Gasperi et Schumann avaient eu les premiers l'idée des douze étoiles sur fond bleu en observant un vitrail figurant la Vierge Marie auréolée des douze étoiles d'or.
Cette filiation religieuse affichée a déclenché, un demi-siècle après, la colère du philosophe Michel Onfray, revendiquant la laïcité pour les symboles européens. Il n'a apparemment pas tort puisque le symbole de la couronne de douze étoiles fait au moins référence à trois religions : il apparaît dans l'Apocalypse de Saint Jean, qui l'avait lui-même repris d'un texte juif, le Targum de l'Exode, lequel s'inspirait des mages astronomiques de Babylone, de religion zoroastrienne, que les juifs avaient rencontrés pendant leur exil en Mésopotamie. Retenir un symbole religieux pour un continent qui proclame haut et fort sa tolérance religieuse et la séparation de l'église et de l'état peut sembler contradictoire. Mais il est aussi indéniable que l'Europe s'est construite sinon grâce aux églises chrétiennes, au moins avec elles et que la célèbre réponse « Rendons à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César » est à la base de la laïcité européenne et de son esprit de tolérance. Les deux autres religions monothéistes ne font pas preuve de ce même état d'esprit et se proposent plutôt de contrôler la totalité de la vie quotidienne ou au moins d'en régler les aspects les plus symboliques.
Dans la pratique, le drapeau européen est presque partout en Europe, associé, par simple juxtaposition, au drapeau du « pays de naissance » : les deux drapeaux sont placés côte à côte à la droite du chef d'état ou du personnage officiel qui parle ou en haut du bâtiment officiel où se déroule la cérémonie. Un peu comme s'il y avait une double appartenance, une double nationalité, le pays arbore deux drapeaux comme un citoyen présenterait deux passeports.
Mais le déséquilibre est évident : il provient du fait que l'un des deux drapeaux, celui du pays de naissance, est beaucoup plus fort que le bleu étoilé, celui de l'Europe. Car le premier a souvent une longue histoire, chargé d'événements douloureux ou glorieux qui font que les peuples européens sont toujours plus attachés affectivement et objectivement à leur drapeau plutôt qu'à celui de l'Europe. A l'exception du douloureux épisode des guerres des Balkans, peu de militaires sont morts pour le drapeau européen ou ont même été appelé sous le seul drapeau de l'Europe. On peut d'ailleurs s'en réjouir et même se féliciter du fait que ce drapeau soit depuis son origine associé à un continent pacifié, enfin débarrassé de tout esprit de conquête ou de reconquête.
Aux jeux olympiques de Rio, une fleurettiste italienne, Elisa Di Francesca, a courageusement déployé un drapeau européen en descendant du podium, au lieu et place du drapeau italien. C'était pour promouvoir la solidarité et l'unité européenne. Et cela fût salué dans dans toute l'Europe comme tel. Mais c'était tout de même un peu au détriment de l'honneur légitime de l'équipe italienne.
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Il faut donc garder le drapeau du pays en l'associant à celui de l'Europe. La proposition de ce chapitre est donc de fusionner les deux drapeaux, de telle sorte que chaque pays conserve son propre drapeau, celui qui est le plus fort affectivement et qu'il n'abandonnera pas de sitôt, mais que ce drapeau montre en même temps son appartenance à la nation européenne.
La fusion la plus simple et la plus efficace consiste à prendre les douze étoiles du drapeau européen et à les placer sur chaque drapeau de pays à l'emplacement exact où elles se trouvent sur le drapeau européen officiel. Plusieurs exemples de drapeaux sont illustrés en annexe. Baptisons ces drapeaux du nom latin de Stella.
Cette fusion obtiendra le but recherché : chaque pays conservera son propre drapeau, chargé d'histoire et de symboles, mais affichera simultanément son appartenance à l 'Europe en portant les douze étoiles d'or qui deviennent de la sorte sa marque de fabrique, son identificateur commun.
Le drapeau aux douze étoiles sur fond bleu subsistera sur les bâtiments officiels européens, chaque fois que les vingt-huit drapeaux de pays ne pourront, faute de place, y être hissés et surtout chaque fois que l'Europe agira en tant que telle, dans les instances nationales et internationales.
Chaque citoyen, chaque écolier saura en permanence quel est son pays et quelle est sa nation. N'importe quel Asiatique, Africain etc. identifiera immédiatement qu'il a affaire à un Européen dès qu'il verra le cercle de douze étoiles d'or sur un drapeau, même s'il ne connaît pas le drapeau du pays. Cela aidera également les Européens à se reconnaître entre eux : combien d'Européens sont-ils capables aujourd'hui d'identifier les drapeaux de l'Estonie ou de la Bulgarie, voire de Malte ou de Chypre ?
Et on assistera à un glissement sémantique : les peuples du vieux continent passeront de l'Europe des nations à l'Europe Nation et relégueront les vieilles nations au rôle de pays, regroupement intermédiaire entre les régions et la nouvelle nation que deviendra l'Europe.
Comme on le verra plus loin, la hiérarchie politique que nous proposons de mettre progressivement en place dans toute l'Europe comptera quatre principaux niveaux : en bas la ville (ou la métropole) , avec ses subdivisions en arrondissements pour les plus grandes, puis la région (ou le Land), puis le pays (ou l'état) et enfin la nouvelle nation au sommet, l'Europe.
Les descriptions officielles des drapeaux « nationaux » étant la plupart du temps fixées par voie législative ou réglementaire, il faudra donc dans tous les cas, que les drapeaux d'origine soient modifiés ou non, de nouveaux textes pour ratifier la décision européenne d'y superposer les étoiles d'or. Certains drapeaux sont même inscrits dans les constitutions de pays, comme en France à son Article 2.
L'opération posera sur certains drapeaux plusieurs problèmes graphiques et, on va le voir, politiques.
Notamment ceux qui ont du jaune en fond, précisément les drapeaux allemand, espagnols et suédois. Les étoiles d'or, posées sur fond jaune, perdront une partie de leur visibilité et il faudra alors probablement les border d'un liseré bleu, rappelant leur origine. Les deux couleurs, définies dans la nomenclature Pantone sont très précisément le jaune et le bleu reflex.
Certains drapeaux n'ont pas les même dimensions que le drapeau européen : le drapeau suisse est carré, les drapeaux britannique et irlandais sont un double carré, deux fois plus long que large alors que la plupart des drapeaux du continent sont dans le rapport de trois pour la largeur et de deux pour la hauteur.
Certains drapeaux de pays, ceux de l'Espagne, du Portugal, de la Slovénie, de la Slovaquie, ont des écussons ou des armoiries sur leur centre gauche. Les étoiles se superposeront à ces motifs.
La seule contrainte imposée à tous les drapeaux sera de placer le cercle des douze étoiles à l'emplacement exact qu'il occupe sur le fond bleu de drapeau européen, c'est-à-dire au centre exact du drapeau. Le rapport 2 sur 3 des hauteurs aux largeurs devra probablement être imposé à tous.
Notons également que les pays dont les drapeaux ne sont pas à motifs horizontaux ou ceux dont les motifs sont décentrés ont en fait deux drapeaux symétriques : le bleu du drapeau français étant toujours situé du coté de la hampe qui supporte le battant, ses couleurs sont bleu-blanc-rouge quand le vent souffle de gauche à droite et rouge-blanc-bleu lorsque le vent souffle de droite à gauche. Cette remarque ne vaut pas pour les drapeaux symétriques ou horizontaux du type néerlandais ou allemand.
Un seul pays européen à venir devra vraiment modifier son drapeau, la Bosnie-Herzégovine. De création récente puisqu'il date des accords de Paris de décembre 1995, son drapeau représente un triangle jaune séparant deux champs bleus, chacune des trois parties bleu-jaune-bleu étant censée représenter les communauté croates, serbes et bosniaques. Une barre d'étoiles blanches longe l'hypoténuse du triangle jaune dans le premier champ bleu. On y compte neuf étoiles dont deux sont coupées. Ces étoiles sont censées représenter celles de la Communauté européenne. Elles sont évidemment incompatibles avec le cercle de douze étoiles d'or du drapeau de l'Union.
On se rappelle pour l'anecdote que la France avait ré-adopté le drapeau tricolore après la chute de Napoléon III et opté de ce fait pour la république tout simplement parce que le monarque pressenti, Henri V, petit fils de Charles X, voulait conserver le drapeau blanc de ses ancêtres et avait refusé un trône associé à un drapeau tricolore. L'adoption des nouveaux drapeaux « européanisés » aura de la même façon bien besoin d'un consensus politique et il y a fort à parier que ce consensus sera difficile à obtenir dans les pays les plus attachés à leur nationalisme.
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Nationalisme. Le gros mot est lâché. Ce poison distillé chez les peuples européens par la révolution française et par ricochet à toute la planète a causé depuis son « invention », la mort de dizaines de millions d'hommes. Les peuples germaniques avaient bien compris le danger et ironisait gentiment au XIXième siècle sur la prétendue grande nation. Et puis ils ont eux-même bu du poison et s'en sont enivrés jusqu'au pan-germanisme.
La création de la grande nation européenne devrait, par construction, dénaturer les nationalismes et les cantonner aux équipes sportives. La nation guerrière doit disparaître, engloutie par la nation sportive, voire par la municipalité sportive (le PSG contre le Real Madrid, Arsenal ou la Juve). Cette mutation est effective dans ce que les néoconservateurs américains ont appelé la vieille Europe. Elle l'est moins dans ce qu'ils ont appelé la nouvelle Europe, particulièrement dans celle des Balkans.
L'analyse du cas de la Yougoslavie résume bien la question des drapeaux et des nationalismes. Voilà un pays récent, qui a volé en éclat à la mort de Tito son fondateur, par suite de l'exceptionnelle diversité ethnique, linguistique, religieuse, scripturale etc. Sept « pays » plus ou moins « indépendants » selon les cas ont vu le jour dans un très court laps de temps : la Croatie, la Serbie, la Slovénie, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro, la Macédoine et le Kosovo. L'étude peut être étendue à l'Albanie.
Chacun de ces « pays » est, à l'échelle européenne, une « région », tant par la surface et la population que la richesse etc. La disparition de la Yougoslavie a été un drame pour tous les habitants de la région. D'abord parce que les indépendances ont été acquises dans des bains de sang avec un appauvrissement général, ensuite parce que chacun de ces pays pèse individuellement beaucoup moins sur la scène européenne que ne pèserait aujourd'hui une Yougoslavie unifiée qui aurait maîtrisé ses problèmes ethniques dès les années 90 et compterait aujourd'hui plus de 20 millions d'habitants et plus de 220.000 km2. Faut-il alors recréer l'ancienne Yougoslavie pour la faire adhérer à l'Europe d'un bloc au nom de ses six régions concernées, et en leur rattachant les deux pays qui ont déjà adhéré, la Slovénie et la Croatie ?
Cela relève-t-il du rêve ? Ce que l'Europe est en train de faire pour un continent, pourquoi la Yougoslavie ne le ferait-elle pas pour elle même ? Il faut se placer dans l'avenir, à plusieurs dizaines d'années d'aujourd'hui, quand la démocratie et la prospérité auront conforté la paix et mis définitivement fin aux massacres, quand les autoroutes sillonneront le pays et désenclaveront toutes ces provinces... Comme le disait Tocqueville, « en démocratie, chaque génération est un nouveau peuple ». Dans les années 2050, c'est-à-dire demain à l'échelle de l'histoire, les massacres de Srebenica paraîtront aussi inutiles et absurdes aux serbes et aux bosniaques que ne l'est la bataille de Verdun aux français et aux allemands d'aujourd'hui. Le rapprochement que l'Allemagne et la France ont fait pour faire l'Europe, pourquoi les Serbes, Croates et Bosniaques ne le feraient pas pour refaire la Yougoslavie ? Combien faudra-t-il encore de guerres pour que ces nationalismes « provinciaux » disparaissent ?
Dans le même type de questions politiques, le drapeau britannique, l'Union Jack, se trouverait particulièrement chargé par l'ajout d'étoiles d'or : il est déjà la fusion des trois drapeaux anglais, écossais et irlandais. L'écosse en profitera-t-elle pour réclamer un peu plus d'autonomie et revenir à son vieux drapeau en les chargeant d'étoiles ? Les « nationalistes » catalans auront-ils à cœur de mettre également en avant leur drapeau en l'européanisant ? Dans les deux cas, cette démarche reviendrait à confondre la région et le pays.
Si l'on revient en effet sur la division idéale de l'Europe future en quatre niveaux hiérarchiques : villes, régions, pays et au sommet, la nation, on s'aperçoit que c'est une véritable réorganisation géographique de l'espace européen qu'il faut préparer.
L'Europe compte aujourd'hui 28 états membres et ce n'est pas terminé puisque certains états ont déposé des demandes d'adhésions. La Croatie a adhéré à la fin de l'année 2012 : il y a donc toutes les chances que l'Europe compte un jour 30 membres, voire plus, malgré les défections.
C'est trop de monde si l'on tient compte du fait que les institutions prévoient presque toujours un poste par état membre. Une commission à 30 membres, c'est déjà une assemblée. Et c'est ingérable. Notamment quand il faut prendre des décisions à l'unanimité. C'est surtout un mode de représentation très inégal et très injuste puisque l'on donne, dans certains cas, la fiscalité par exemple, la même voix à l'Allemagne qui a 80 millions d'habitants qu'à l'île de Malte qui en a 400.000, et qu'il faut en plus trouver un poste nouveau de Commissaire pour tout nouvel entrant.
Il faudra donc opérer des regroupements d'états membres et reconstituer des ensembles de pays dont le minimum de population serait de l'ordre de vingt millions d'âmes. Il est presque évident que les îles de Chypre et de Malte ne sont pas assez grosses en termes de surfaces, de populations et de richesse pour peser sur le cours de l'évolution européenne et que ces deux îles devraient être rattachées à de plus vastes ensembles. Ces deux îles, avec respectivement 800.000 et 400.000 habitants, ne forment pas deux pays. Pas plus que la Corse avec ses 300.000 habitants
On a vu aussi que la Yougoslavie aurait intérêt à ressusciter pour donner plus de poids à ses régions à nouveau réunies.
Le cas de la Yougoslavie n'est pas le seul cas de rapprochement possible et souhaitable pour diminuer le nombre d'états membres et augmenter l'influence de chacun d'entre eux.
On peut imaginer le retour de l'Autriche Hongrie, de la Tchécoslovaquie, la fusion des trois états baltes, Estonie, Lettonie, Lituanie pour créer la Baltie. On peut imaginer une Ibérie unifiée dans la fusion du Portugal et de l'Espagne, dont les régions seraient alors la Catalogne, le pays Basque, l'Andalousie, la Castille et le Portugal.
On peut encore rêver et imaginer combien serait plus forte une Grèce qui aurait fusionné avec la Macédoine au lieu de se quereller avec elle sur son appellation, qui aurait également absorbé la partie sud de l'île de Chypre et fusionné avec l'Albanie. Combien serait plus forte une Grèce agrandie et en paix avec ses voisins et capable de faire un tout avec eux ?
Et à contrario, comment un pays incapable de s'entendre avec ses voisins immédiats peut-il prétendre faire partie d'un ensemble encore plus grand ?
La Catalogne, l'écosse, la Belgique flamande et bien d'autres veulent leur indépendance, sans se rendre compte qu'il s'agit d'un leurre agité par les politiciens en quête de pouvoirs plus importants...
L'indépendance, c'est en effet maîtriser sa monnaie, sa défense, sa langue, sa justice, sa fiscalité, son économie, etc. Mais se rendent-ils compte, ces nationalistes qu'aucun des pays européens actuels eux-mêmes, qui se prétendent toujours indépendants aujourd'hui ne le sont plus depuis longtemps, à l'heure de la mondialisation ?
Prenons le domaine crucial de la défense. Aucun pays européen n'est capable d'assurer sa défense tout seul, non seulement en cas de guerre atomique, mais tout bêtement pour assurer la sécurité de ses approvisionnements ou lutter contre le terrorisme. Si la Vème et la VIème flottes américaines se retirent du Golfe et de la Méditerranée, l'économie européennes se grippe aussitôt, privée de pétrole, avec des transports terrestres, maritimes et aériens paralysés. Que vaudrait l'indépendance de la Catalogne dans une hypothèse où le Canal de Suez serait fermé en même temps que le détroit d'Ormuz, seul débouché maritime à la sortie du Golfe persique ? Et qui assurerait la sécurité intérieure d'une Flandre ou d'une Wallonie indépendante, face aux islamistes, si on les privait des fichiers de police et de contre espionnage européens ?
Le nationalisme hongrois d'un Viktor Orban souligne mieux que n'importe quel discours la finalité réelle de ces mouvements : celle d'une dictature personnelle. Il faudra une Europe beaucoup plus forte, moins lâche et surtout plus sûre d'elle-même que celle que nous connaissons pour venir à bout de ces dangereuses dictatures. Il faudra en effet retire aux Hongrois leurs droits de vote dans les instances européenne, puis leur supprimer les subventions et aides diverses etc.
On le voit, l'unification des drapeaux n'est pas une étape anodine. Et il ne faut surtout pas sous-estimer la symbolique : l'apposition des douze étoiles d'or proposée fera beaucoup plus pour le rapprochement des peuples européens que bien des discours.
En voilà un contre-exemple : Bernard Accoyer, à l'occasion du 50ème anniversaire de la création du Traité de Rome, avait proposé de placer un drapeau européen à coté du drapeau français dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale française. Sans succès pour l'instant, puisque trois députés s'y sont opposés. Un autre, l'UMP Jacques Myard, souverainiste et eurosceptique, avait suggéré paradoxalement d'y placer un drapeau de l'ONU pour souligner la vocation universelle de la France !
Il y a donc fort à parier que la décision de modifier les drapeaux soulèvera de belles polémiques, non seulement en France, mais dans tous les pays à forte tradition nationaliste.
Mais on peut aussi raisonnablement espérer, sans excès d'optimiste que les enfants nés au XXIème siècle trouveront naturelle cette double appartenance et, un jour, ne pourront envisager qu'avec effroi le retour aux drapeaux « locaux » et le rejet de la référence européenne.